Comme le vieil Héraclite, ému de l’universelle fugacité des choses, fit du Devenir l’essence génératrice du Cosmos, Laforgue, ainsi du reste que Hartmann, réalisa métaphysiquement l’Inconscient… « L’Inconscient, dit-il, n’est pas à chercher dans les perceptions infinitésimales uniquement », et, dépassant donc l’idée Leibnizienne, il déclare l’Inconscient « la force monstrueuse qui me mène, la force qui me fait me développer selon mon type, la vertu qui raccommode ma main qui s’est blessée, etc… » Ailleurs, cette philosophie est sur le point de se transformer en une religion et cette croyance à l’Inconscient, origine et raison suffisante de tout, aboutit presque à du mysticisme, « Le dernier divin, … le seul divin minutieusement présent et veillant partout, le seul infaillible, le seul vraiment et sereinement infini, le seul que l’homme n’ait pas créé à son image…26. » En réalité, par l’Inconscient Laforgue entend le principe actif du Cosmos et il pourrait, comme d’autres, l’appeler, ce principe actif, Ame du monde, Vie ou Volonté, tandis qu’il le désigne par celle de ses qualités qu’il considère comme la plus caractéristique. […] La douceur, la clémence, l’amour, les délicieuses vertus pacifiantes lui sont un objet de plus calme méditation.