Quarante-huit ans après, c’était le même homme qui publiait son Mémoire sur la société polie ; ce qui faisait dire à M. de Talleyrand, parlant au fils de l’auteur : « Il y a une chose remarquable dans la vie de votre père, et qui n’est peut-être arrivée à personne avant lui, c’est qu’à cinquante ans de distance il a publié deux ouvrages, dont le premier a fondé sa réputation, et dont le second vient de la couronner. » En même temps et aux approches de 89, Roederer avait l’habitude et le besoin d’écrire sous forme plus courante et plus brève sur toutes les questions du jour, sur les événements ou conflits qui occupaient à Metz l’attention publique : en un mot, comme Franklin, il était par nature et par goût journaliste ; il le sera pendant une grande partie de sa vie, et conciliera, tant qu’il y aura moyen, ce genre de publication avec les hauts emplois et les dignités même de l’État. […] L’on vient de m’apprendre, écrivait Roederer à Mirabeau, que M. de Mirabeau axait dit ce matin à l’Assemblée au sujet des folies de M. d’Éprémesnil, qu’elles avaient découvert le secret de ceux qui ne veulent point d’assignats. […] (Dans la démocratie il peut y avoir autant de Nérons qu’il y a d’orateurs qui flattent le populaire ; il y en a plusieurs à la fois, et tous les jours il en sort de nouveaux de dessous terre.) » Et Roederer insistait sur la force de cette expression suboriuntur, viennent de dessous les autres et de plus bas 53.