Après avoir fait avec succès ses études au petit séminaire d’Aix et pris ses grades à l’école de droit de cette ville, Raynouard vint à Paris vers 1784 ; il ne fit que tâter le terrain et n’y resta pas. […] Le moment pour Raynouard de faire son entrée en littérature n’était pas venu ; il retourna courageusement dans son pays reprendre l’exercice de sa profession d’avocat, et réparer les brèches que cette interruption avait faites à sa petite fortune. […] Cette parole d’un seul jour, venue la première après un si long et si rigoureux silence, a suffi pour porter son nom comme citoyen et pour l’inscrire dans l’histoire1. […] On en peut lire deux critiques très judicieuses, l’une dans les feuilletons de Geoffroy, l’autre dans les conversations de Napoléon (Mémoires de M. de Bausset)2 : Cette pièce, en général, m’a paru très froide, disait Napoléon, parce que rien ne vient du cœur et n’y va. […] Le fameux vers que la reine Jeanne dit au roi pour infirmer la gravité des aveux arrachés aux Templiers : La torture interroge, et la douleur répond ; ce vers était venu à Raynouard à l’occasion d’une suppression exigée par la censure.