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1337. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXIX » pp. 117-125

Cela m’a tout l’air d’une question qui vient se poser et se fonder pour longtemps et sur laquelle on n’est pas près de s’entendre. […] Mais notre clergé n’était pas assez prompt pour se prêter aussitôt à une évolution aussi hardie ; il venait d’exercer et d’accaparer le pouvoir, il fut tout étourdi de le perdre, et ne s’avisa que lentement des moyens de le regagner. […] Il a ses romanciers, ses poëtes, ses économistes : celui qui se laisse enrôler est à l’instant choyé, adopté, loué par toutes les trompettes catholiques ; de plus il se vend et se débite à merveille, et le grand nerf, la grande ficelle du jour, le pecunia, est au bout. — Tous les jours il arrive que tel jeune romancier, tel jeune économiste qui a passé par les feuilles et les feuilletons de la littérature courante vient vous déclarer qu’il ne peut plus continuer sa collaboration, parce qu’il est devenu catholique : cela veut dire qu’il a trouvé un meilleur placement. — Pour tout dire, les condottieri de plume abondent aujourd’hui, ils battent le pavé de Paris, et le clergé a moyen de les enrôler.

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