Elle avait coutume de dire qu’une période retranchée d’un ouvrage valait un louis d’or, et un mot vingt sous : cette parole a toute valeur dans sa bouche, si l’on songe aux romans en dix volumes dont il fallait avant tout sortir. […] C’était le temps des portraits : Mme de La Fayette, vers 1659, en fit un de Mme de Sévigné, qui est censé écrit par un inconnu : « Il vaut mieux que moi, disait celle-ci en le retrouvant dans de vieilles paperasses de Mme de La Trémouille en 1675, mais ceux qui m’eussent aimée il y a seize ans l’auroient pu trouver ressemblant. » C’est toujours sous ces traits jeunes et à jamais fixés par son amie, que Mme de Sévigné nous apparaît immortelle. […] Avant ce malheur, on a vu une lettre d’elle qu’elle a donnée au public pour se moquer de ce qu’on appelle les mots à la mode et dont l’usage ne vaut rien ; je vous l’envoie. » Suit cette lettre, qui est toute composée du jargon amphigourique dont elle voulait corririger le beau monde ; c’est un amant jaloux qui écrit à sa maîtresse ; Boileau en son genre n’eût pas mieux fait. […] Le plaisir qu’elles en ont vaut-il les railleries qu’elles en essuient ?