Voiture étoit fils d’un marchand de vin : un jour qu’il jouoit aux proverbes avec des dames, Madame Des Loges lui dit, celui-là ne vaut rien, percez-nous en d’un autre : on voit que cette dame fesoit une maligne allusion aux toneaux de vin ; car percer se dit d’un toneau, et non pas d’un proverbe : ainsi elle réveilloit malicieusement dans l’esprit de l’assemblée le souvenir humiliant de la naissance de Voiture. C’est en cela que consiste l’allusion ; elle réveille des idées accessoires. à l’égard des allusions qui ne consistent que dans un jeu de mots, il vaut mieux parler et écrire simplement, que de s’amuser à des jeux de mots puériles, froids, et fades : en voici un exemple dans cette épitaphe de Despautère : (…). […] Je croi qu’il vaut mieux répéter le mot, que de se servir d’un pronom dont le raport n’est aperçu que par ceux qui savent dèja ce qu’ils lisent. […] L’empereur Valentinien, au raport d’Ausone, s’étoit aussi amusé à cette sorte de jeu : mais il vaut mieux s’ocuper à bien penser, et à bien exprimer ce qu’on pense, qu’à perdre le tems à un travail où l’esprit est toujours dans les entraves, où la pensée est subordonée aux mots, au lieu que ce sont les mots qu’il faut toujours subordoner aux pensées.