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1964. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Je suis debout, il est à terre, c’est chose faite… Il râle, le Bang sort en sifflant de sa blessure, le flot noir rejaillit sur moi, véritable rosée du meurtre, plus douce pour moi que la pluie de Zeus au calice des plantes en travail. […] Et cette incertitude nous gêne un peu ; car son sacrifice, sublime dans le premier cas, est, dans le second, plus sublime encore… À moins qu’on ne trouve, au contraire, que son véritable devoir de fille, et le plus évident, était de lutter de toutes ses forces contre la folie paternelle et de défendre le vieil enfant contre lui-même. […] Et Monsieur Alphonse, je suis tenté de le croire, serait un absolu chef-d’œuvre, si l’on ne nous y demandait d’abord un véritable acte de foi ; en d’autres termes, si toute une partie de l’action ne reposait sur un des plus singuliers postulats que jamais dramaturge ait prétendu nous faire admettre sans discussion. […] Lorsqu’elle dit, au premier acte : « Savez-vous, mon frère, que c’est à périr, cette terre qui n’en finît pas, et où passe, avec les vaches, ce vilain prochain de rustres et de pécores », je me demande si ce mépris du paysan est d’une véritable aristocrate, et je crois entendre la chanoinesse d’Escarbagnas. […] Mais, outre la sympathie qu’il a besoin d’éprouver pour ouvrir son cœur, elle lui inspire le respect, même la vénération qui, seule, peut transformer l’aveu en confession véritable.

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