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466. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre II. Deuxième élément, l’esprit classique. »

Dès l’origine il a son nom : c’est la langue des honnêtes gens ; il est fait, non seulement pour eux, mais par eux355, et Vaugelas, leur secrétaire, ne s’applique pendant trente ans qu’à enregistrer les décisions « du bon usage ». […] Avec un scrupule admirable et une délicatesse de tact infinie, écrivains et gens du monde s’appliquent à peser chaque mot et chaque locution, pour en fixer le sens, pour en mesurer la force et la portée, pour en déterminer les affinités, l’usage et les alliances, et ce travail de précision se poursuit depuis les premiers académiciens, Vaugelas, Chapelain et Conrart, jusqu’à la fin de l’âge classique, par les Synonymes de Beauzée et de Girard, par les Remarques de Duclos, par le Commentaire de Voltaire sur Corneille, par le Lycée de Laharpe361, par l’effort, l’exemple, la pratique et l’autorité des grands et petits écrivains qui sont tous corrects. […] Il les étire, il les entrelace, il les tisse ; mais, de son engrenage logique, il ne sort qu’un filigrane fragile ; on en peut louer l’élégant artifice, mais, dans la pratique, l’œuvre est d’usage petit, nul, ou dangereux.

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