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271. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — IV. La Poësie dramatique. » pp. 354-420

On déploroit l’avilissement de l’art de Sophocle & d’Euripide : on gémissoit de voir la majesté de la scène Françoise en proie à de fades discours d’amans : on auroit voulu la ramener à son institution, faire le procès à tout auteur qui donnoit à Melpomène d’autre langage que celui qu’elle parloit aux Grecs, une autre passion, d’autres ressorts à développer que ceux dont elle faisoit usage chez ce peuple si poli, si spirituel, si tourné à la galanterie & à la délicatesse des sentimens. […] Si l’amour, disent ces censeurs austères, est le ressort le plus vif des actions théâtrales, les Grecs eussent-ils manqué d’en faire usage ? […] Mais qu’en peut-on conclure en Europe, contre un usage dont l’introduction a été la source de tant de beautés, & de tant de chefs-d’œuvre de sentiment ? […] Il ne vouloit point qu’on préférât au comique d’usage ce mêlange du pathétique & du sérieux, cet alliage des ris avec les pleurs. […] Tous ces grands mots, règles, usages, raison, bon goût, on les disoit mal appliqués.

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