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280. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Relisez-le, de grâce, et vous verrez si l’âme triste, généreuse et insoumise du XIXe siècle n’y est pas tout entière. […] Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne6 Ces plaintes ne servent de rien ; mais il ne sert de rien non plus de les retenir, et l’hymne lugubre se déroule à flots lents, si horriblement triste qu’auprès de cette tristesse-là celle de l’Ecclésiaste est d’un enfant et celle de René est d’un bourgeois. […] Sombre douleur de l’homme, ô voix triste et profonde, Plus forte que les bruits innombrables du monde, Cri de l’âme, sanglot du cœur supplicié, Qui t’entend sans frémir d’amour et de pitié ? […] L’ironie froide qui est dans le récit du triste oiseau de proie, on la pressent, inexprimée, dans presque tout le cours du livre.

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