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2463. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Gustave Kahn s’y originalise surtout par l’abondance et l’imprévu dans la trouvaille des métaphores ; elles surgissent, sans effort, comme naturellement, comme, dirait-on, par la faculté même de l’esprit à concevoir les analogies, ou les différences, entre les êtres et entre les choses ; à vrai dire, — l’auteur peut-être les voulait ainsi, — elles ne sont pas marquées d’un trait fort, elles manquent de ferme contour, bientôt leurs rebords s’amollissant, elles s’estompent dans la mémoire, s’effacent tout à fait ; n’importe, un instant elles firent impression ; leur vague même, en sa fugacité, les rendait plus séduisantes. […] Cette inappétence d’un avenir encore après tant de passés, ce consentement, toujours, à ne plus être, Éphraïm Mikhaël les avait en lui, non seulement en lui, mais dans tous les traits de son visage où la plainte de vivre affectait vainement le sourire, dans sa bouche résignée, sans joie ni amertume, dans ses yeux vagues et mélancoliques qui savaient l’inutilité de regarderies choses, et dans son geste, où la franchise et l’allégresse étaient celles d’un fantôme poli, affable, qui feindrait la vie pour ne pas inquiéter les vivants.

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