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12. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Bien que les faits soient rapidement présentés et les personnages dépeints en quelques traits, tout est vivant, car tout parle à l’esprit. […] Sa déesse Tanit, son Eschmoûn, son Moloch, au moins dans leurs traits généraux, n’ont rien de contraire aux résultats de la science. […] Ces traits empruntés à des écrivains que sépare un long intervalle de siècles, ces traits disséminés, sans lien, sans cohésion vivante, qui se rencontrent celui-ci chez Hérodote, celui-là chez Pline, l’un chez Sanchoniaton, l’autre chez Ammien Marcellin, pense-t-on qu’on puisse les réunir violemment sans produire autre chose qu’un monstre ? […] Quand je vois l’auteur de Salammbô, tantôt pour reconstruire Carthage, tantôt pour conduire au combat les multitudes féroces, s’agiter, se démener, accumuler les détails, ajouter traits sur traits, figures sur figures, et prolonger des énumérations sans fin, je ne puis m’empêcher de penser à cette histoire de Diogène si plaisamment contée par Rabelais. […] À chaque trait nouveau ajouté par le peintre, à chaque mouvement des acteurs, on se dit : Pourquoi cela ?

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