Du haut de la tour bâtie au milieu de ces couvents, on découvre des landes de sable, d’où s’élèvent les têtes grisâtres des pyramides, ou des bornes qui marquent le chemin au voyageur. […] Mais quel lugubre son, du haut de cette tour, Descend et fait frémir les dortoirs d’alentour ? […] combien à mon tour Plaît ce dôme noirci d’une divine horreur, Et le lierre embrassant ces débris de murailles Où croasse l’oiseau chantre des funérailles ; Les approches du soir, et ces ifs attristés Où glissent du soleil les dernières clartés ; Et ce buste pieux que la mousse environne, Et la cloche d’airain à l’accent monotone ; Ce temple où chaque aurore entend de saints concerts Sortir d’un long silence et monter dans les airs ; Un martyr dont l’autel a conservé les restes, Et le gazon qui croît sur ces tombeaux modestes Où l’heureux cénobite a passé sans remord Du silence du cloître à celui de la mort ! […] Je vois dans les débris de Thèbes, de Carthage, Au creux des souterrains, au fond des vieilles tours, D’illustres pénitents fuir le monde et les cours. […] Ces vénérables tours qu’allonge vers les cieux La cathédrale antique où prioient nos aïeux ; Ces tours ont conservé ton amoureuse histoire.