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897. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Suard de toucher à ce qu’il possède à fond ; mais il ne le fait qu’avec sa discrétion accoutumée, se bornant à sa tâche de rapporteur, n’affectant point d’évoquer et de traiter pour son compte les sujets dont il laisse tout l’honneur aux pièces couronnées. […] Il n’y a pas tant à craindre, en littérature, de toucher à ce dont tout le monde parle. […] Pour employer un vilain mot (et je l’emploie à regret, mais il est à l’ordre du jour), il faut qu’il n’y ait rien de clérical dans l’Académie. — Un jour, dans une discussion, à propos de je ne sais quel livre où Luther était voué au feu infernal et qu’on voulait nous faire couronner, il m’est échappé de dire à l’un des orthodoxes religieux dont j’ai l’honneur d’être le confrère, et qui s’étonnait de ma protestation : « C’est bien assez, à l’Académie, d’être de la religion d’Horace. » J’ai touché à bien des points, m’efforçant de montrer l’Académie comme elle est et évitant tout parti pris de dénigrement ou de complaisance.

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