Cette définition de l’expérience suppose nécessairement que l’expérimentateur doit pouvoir toucher le corps sur lequel il veut agir, soit en le détruisant, soit en le modifiant, afin de connaître ainsi le rôle qu’il remplit dans les phénomènes de la nature. […] Mais si l’on admet qu’il faille ainsi se limiter et si l’on pose en principe que la médecine n’est qu’une science passive d’observation, le médecin ne devra pas plus-toucher au corps humain que l’astronome ne touche aux planètes. […] Ils ont admis que la force vitale était en opposition avec les forces physico-chimiques, qu’elle dominait tous les phénomènes de la vie, les assujettissait à des lois tout à fait spéciales et faisait de l’organisme un tout organisé auquel l’expérimentateur ne pouvait toucher sans détruire le caractère de la vie même. […] C’est cette fausse érudition qui, mettant l’autorité des hommes à la place des faits, arrêta la science aux idées de Galien pendant plusieurs siècles sans que personne osât y toucher, et cette superstition scientifique était telle, que Mundini et Vésale, qui vinrent les premiers contredire Galien en confrontant ses opinions avec leurs dissections sur nature, furent considérés comme des novateurs et comme de vrais révolutionnaires.