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836. (1865) La crise philosophique. MM. Taine, Renan, Littré, Vacherot

Quant à l’âme, il est trop évident qu’elle s’évanouit et tombe en poussière ; elle n’est plus comme ils le disent, que la résultante, c’est-à-dire le produit complexe d’un nombre incalculable de phénomènes antérieurs. […] N’est-ce pas tomber précisément sous l’objection que nous exposions tout à l’heure contre nous-mêmes, se figurer qu’on a expliqué un fait parce qu’on a donné un nom (l’instinct, la tendance, le stimulus) à la cause inconnue que l’on cherche ? […] Il faut qu’elle tombe dans l’un ou s’élève à l’autre. […] Cependant, pour éviter un Dieu fait à l’image de l’homme, ne tombons pas plus bas, et ne cherchons pas à le concevoir comme semblable à une plante qui se développe ou à une pierre qui tombe ; et surtout, pour éviter toutes ces idolâtries, n’allons pas nous réfugier dans un vain idéalisme, ne laisser à Dieu d’autre ciel que notre pensée et notre cœur, car quel miracle qu’une créature si misérable que nous sommes soit le seul endroit que Dieu puisse habiter ! […] Ceux qui nous l’ont reproché le plus amèrement ne voient pas qu’ils tombent dans la même faute à leur tour ; ils s’y affaibliront également.

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