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788. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Quand l’arbre est tombé, tous accourent aux branches pour achever de le défaire ; la bonne ou mauvaise réputation dépend de la dernière période de la vie ; le bien et le mal passent à la postérité, et la malice des hommes fait plutôt croire l’un que l’autre. […] Quand Venise, qui a joué un jeu double, s’accommode par le canal de l’Espagne avec l’archiduc de Gratz, Louis XIII s’en montre offensé ; il s’en plaint comme étant fraudé d’un de ses plus beaux droits, qui est de tenir la balance : « Il semble, écrit-il, que pour tomber en une ingratitude volontaire, elle (la république de Venise) ait voulu, s’exemptant de reconnaissance envers moi, me priver de la gloire qui m’était due pour la conclusion d’un si bon œuvre, en la transférant à un autre. » Voilà le doigt de Richelieu et son cachet dans les affaires étrangères en cinq mois de passage au ministère, et au milieu des troubles civils qui semblaient compromettre l’existence même de l’État. Il tenait à montrer à l’Europe, dès le premier jour, ce qu’il exprime si noblement dans les instructions données à Schomberg : « Jamais vaisseau ne résistera à si grande tempête avec moins de débris qu’on en remarque au nôtre. » Richelieu, tombé de ce premier ministère, accompagne la reine Marie de Médicis dans son exil à Blois (mai 1617) ; bientôt, sa présence en cette petite cour porte ombrage à ses ennemis : la calomnie l’implique dans des intrigues, d’où son bon sens suffisait à le tenir écarté.

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