Bien des peintres sont tombés dans le défaut de mettre des contrastes par-tout & sans ménagement, desorte que lorsqu’on voit une figure, on devine d’abord la disposition de celles d’à côté ; cette continuelle diversité devient quelque chose de semblable ; d’ailleurs la nature qui jette les choses dans le desordre, ne montre pas l’affectation d’un contraste continuel, sans compter qu’elle ne met pas tous les corps en mouvement, & dans un mouvement forcé. […] Notre ame est lasse de sentir ; mais ne pas sentir, c’est tomber dans un anéantissement qui l’accable. […] Il faut que dans un ouvrage on les sente parce qu’elles y sont, & non pas parce qu’on a voulu les montrer ; car pour lors la surprise ne tombe que sur la sottise de l’auteur. Une des choses qui nous plaît le plus, c’est le naïf, mais c’est aussi le style le plus difficile à attraper ; la raison en est qu’il est precisément entre le noble & le bas ; & il est si près du bas, qu’il est très-difficile de le côtoyer toûjours sans y tomber.