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1075. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

On a vu l’ordre des combattants ; mais Froissart, qui veut être exact et qui est au niveau de la stratégie de son époque, Froissart, qui, en son genre, est aussi clair dans son récit de la bataille de Poitiers que tel moderne peut l’être dans celui de la bataille d’Austerlitz, nous expose que l’ordonnance du prince de Galles a de plus cela de particulier, qu’il a formé, d’une part, un corps d’élite de chevaliers pour faire tête à la bataille des maréchaux de France, et que, d’autre part, à main droite, sur une montagne qui n’est pas trop roide à monter, il a disposé trois cents hommes à cheval et autant d’archers à cheval également, pour longer à la couverte cette montagne et tomber à l’improviste, à un moment donné, sur le corps du duc de Normandie, qui est rangé au pied. […] Messire Arnoul d’Audrehem, l’autre maréchal, est blessé et fait prisonnier : « À peine vit-on jamais, dit Froissart, tomber en peu d’heures si grand méchef sur gens d’armes et bons combattants, qu’il advint sur cette bataille des maréchaux de France ; car ils fondoient l’un sur l’autre et ne pouvoient aller avant. » Quelle image expressive de ces vaillants hommes détruits en un instant, et qui fondoient l’un sur l’autre ! […] Lacabane est tombé dans un travers qui fait sourire : Froissart lui est devenu une espèce de remords, à ce point qu’il n’en parle, dit-on, qu’avec déplaisance et comme du plus infidèle des narrateurs : il le déprécie encore plus que M. 

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