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568. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Colnet tirait la rie de son talent des passions contemporaines ; qui pourrait le lire aujourd’hui ? […] Jusqu’à lui, les essais de biographie pratiqués, soit en Angleterre, soit en France, ne pouvaient même faire pressentir le parti qu’il allait tirer de ce genre de composition. […] Audin sait étendre les couleurs de Velasquez sur sa palette et tirer d’un clair-obscur à la Rembrandt, aussi nette que la face pourprée de Luther, bombant dans la lumière, cette autre face hâve, bilieuse, au front proéminent sous sa calotte noire, et dont les yeux, qui n’ont jamais connu les larmes, distillent infatigablement, dans leur méditation immobile, la lueur jaune des regards du tigre et des lampes. […] Comme tous les artistes puissants, à force de creuser dans ce gypse, dans cette prose, dans cette réalité abaissée, il devait finir par retrouver cette poésie cachée dans les entrailles de toutes choses, même les plus antipoétiques à ce qu’il semble, et qui est la poésie tirée de sa gangue, — ce diamant d’une eau si pure, — le plus intime de la vérité ! […] C’est dans le Léon X qu’une grande justice est rendue à Jules II, dont l’épée a sauvé la nationalité italique, et qui, comme prince temporel, avait le droit de la tirer.

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