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1473. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Il faut du courage, et beaucoup de barbarie, et de la décision, et prendre sur soi, et se faire à soi-même un rude refoulement, et être résolu à se faire, à se donner à soi-même une bien triste opinion de soi-même pour couper ici, pour ainsi rompre aussi arbitrairement cette scène la plus liée qu’il y ait au théâtre, s’il est permis de parler ici de théâtre ; (et pourquoi n’en parlerions- nous pas, si ce fut l’art de Corneille, et s’il est vrai qu’un grand artiste, un grand écrivain ne méprise pas, ne néglige pas les conditions, organiques, et le métier de son art, mais leur donne au contraire la plus grande considération) ; d’une liaison intérieure tout à fait indissoluble. […] À la vérité, je ne conseillerais pas à un auteur de prendre pour sujet d’une tragédie une action aussi moderne que celle-ci, si elle s’étoit passée dans le pays où il veut faire représenter sa tragédie, ni de mettre des héros sur le théâtre, qui auroient été connus de la plupart des spectateurs. […] C’est ce qui fait, par exemple, que les personnages turcs, quelque modernes qu’ils soient, ont de la dignité sur notre théâtre. […] Aussi le poète Eschyle ne fit point de difficulté d’introduire dans une tragédie la mère de Xerxès, qui étoit peut-être encore vivante, et de faire représenter sur le théâtre d’Athènes la désolation de la cour de Perse après la déroute de ce prince.

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