dans mon lit, j’avais là, mais vraiment, la tentation de me relever et de filer au chemin de fer, laissant mon monde continuer son voyage… J’ai besoin de Paris, de son pavé… Les quais, le soir, avec toutes ces lumières… Vous ne croyez pas qu’il y a des jours, où je me sens tout heureuse de l’habiter… Ça été si longtemps mon désir d’y venir… Non, quand je ne suis plus en France, il y a un trouble en moi, j’ai le diable au corps d’y revenir, d’y être, de me trouver avec des Français… Et la première fois que j’ai mis le pied sur de la terre française, en août 1841, il était deux heures du matin, « le premier pantalon garance » que j’ai aperçu, ça été plus fort que moi, je suis descendue de voiture pour l’embrasser… Oui, je l’ai embrassé ! […] Mercredi 3 avril La chanteuse Alboni, cette large et joviale mangeuse, disait à une cuisinière, nouvellement entrée chez elle : « Vois-tu, ma fille, à la maison, dans les plats, il faut qu’il y ait de quoi en manger trois fois, pour chacun. » Samedi 6 avril J’ai la conscience qu’en histoire, sortira bientôt de dessous terre, une génération pareille à celle qui s’est levée dans le roman, une génération qui se mettra à faire l’histoire à mon imitation. […] * * * — Littré disait à un de mes amis : « La terre est une planète inférieure, et l’homme un composé mal assemblé. » Jeudi 19 septembre Dans les petits objets manuels, fabriqués anciennement par les Japonais, on sent qu’ils travaillaient pour des touchers délicats, pour des tacts d’artistes. […] Les deux Japonais ont brisé la terre d’un carré, et ont semé des radis, des choux, des navets, des navets d’un mètre, et dont trois font la charge d’un homme. […] Un ami à moi, est très énamouré d’une juive de la grande société, désirant posséder un de ces chênes nains de cent cinquante ans, qui tiendrait dans le pot de terre d’un rosier.