Mais quel profit en peuvent tirer tous ceux pour qui surtout l’Evangile a été annoncé ; tant d’hommes qui ne connaissent ni contentement ni repos sur la terre, et qui ont une telle soif de croire, qu’ils sont plus près de la superstition que du doute ! […] L’intérêt de cette recherche est tout métaphysique : ou, s’il est pratique, c’est seulement pour un petit nombre d’esprits, trop attachés à la terre pour pouvoir s’élever à ces connaissances sans le secours ou plutôt sans la violence de la logique. […] Or, quelques années avant qu’il cherchât toute vérité dans les livres saints, la science, par la bouche de Galilée, prouvait que la terre tourne, et troublait toute la chrétienté par ce démenti donné à la tradition de ces livres. […] C’est que le doute de Pascal est au fond de toutes les âmes élevées, trop raisonnables pour borner l’usage de la raison à l’art de rendre la vie heureuse, et qui portent cette marque de l’origine divine, qu’elles ne se peuvent point contenter du bonheur de la terre. […] Il a le premier parlé, dans notre pays, la langue de la mélancolie, cette passion dont le christianisme a enrichi la nature humaine, et qui est comme un certain détachement des joies et des plaisirs de la terre, par lequel nous sommes préparés doucement à la séparation irrévocable.