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430. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

» Non, petit gars, tu auras une patrie et tu pourras faire sonner ton pas sur la terre en te nourrissant de cette assurance : « Mon papa y était et il a tout donné à la France ». […] J’ai chaque matin l’impression que je viens seulement de naître et que je vois le vaste monde pour la première fois… » Certaines de ses lettres écrites sur ses genoux, à la lueur d’une pauvre bougie, à cinq mètres sous terre, sont d’un grand lyrique. […] A leurs yeux, c’était en outre une vérité de sens commun : « On ne quitte les biens de la terre que parce qu’on en trouve de plus grands au service de Dieu. » Roger Cahen, qui aimait lire Virgile dans sa tranchée, aurait pu prendre pour devise Trahit sua quemque voluptas. […] Et puis il se rattache à notre terre par sa culture ; il écrit dans sa cagna en se servant de Montaigne comme d’un pupitre, il raffole de la Chartreuse de Parme. […] Tout à coup on ne le vit plus parce que Dieu l’avait pris. » Et encore : « Pour moi, je sais que mon Rédempteur est vivant et qu’il me ressuscitera de la terre, et que lorsque ma chair aura été détruite, je verrai Dieu.

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