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870. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

. — « Et toi, dit-il à Alexis, tu as le vin d’un singe » ; parce qu’il avait été très-gai et avait eu une foule de saillies plus plaisantes les unes que les autres, et qui l’avaient fort amusé. » De ces trois fils, l’aîné fut de l’Oratoire et prêtre, c’était une franche bête, nous dit Piron (j’adoucis les termes) ; le second fut apothicaire comme son père et armé en guerre toute sa vie contre je ne sais quoi : ce lion-là, malgré tout, laisse à désirer ; mais le troisième, le nôtre, fut bien réellement singe et poète. […] Cet homme de haute et fine érudition, et le moins gourmé des doctes, très-gourmet d’ailleurs, qui se régalait à huis clos avec son ami La Monnoye de tous les erotica et pædica de l’Anthologie grecque copiés par Saumaise sur le manuscrit d’Heidelberg, fit venir Piron et lui dit : « Jeune homme, vous êtes un imprudent ; si l’on vous presse trop fort pour savoir l’auteur du délit, vous direz que c’est moi. » Qu’il lui ait fait sa leçon en ces termes, parlant à lui-même, ou qu’il la lui ait fait faire par le canal de M.  […] Piron avait eu à se louer de lui, on l’a vu, à l’occasion de la Métromanie ; ils n’étaient pas ensemble en très-mauvais termes, et Des Fontaines n’abusait pas trop du permis de chasse que le poète lui avait donné. […] Un des termes de comparaison qu’affectait Piron était : « plus que Crébillon en sa vie n’a fumé de pipes, que Voltaire n’a pris de lavements, et que Piron n’a bu de bouteilles90. » Piron, dans cette même lettre, continuait en annonçant le duel pour le lendemain : « Demain nous dînons ensemble chez le général Desbrosses.

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