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513. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Le lauréat évincé ne se tint pas pour battu, et aux approches du terme fixé, il fabriqua en toute hâte un nouveau discours, qu’il fit cette fois arriver de Paris par la poste. […] C’est bien le même qui, dix ans plus tard, dans un admirable article sur les Mémoires de Gouvion Saint-Cyr21, après avoir montré, à la louange des grands capitaines, que penser fortement, clairement, non pas au fond de son cabinet, mais au milieu des boulets, est, à coup sûr, l’exercice le plus complet des facultés humaines, c’est lui qui ajoutera en des termes tout à fait semblables : « Ceux qui ont rêvé la paix perpétuelle ne connaissaient ni l’homme ni sa destinée ici-bas. […] Thiers le pensait en effet), définissons-la et circonscrivons-la dans toutes ses branches ; usons de tous nos moyens légaux : vous n’aurez pas un seul procès, et eux, ils n’auront plus qu’à faire leurs folies pour leur compte ; gardez-vous d’en douter, ils les feront. » — Cette idée, que je traduis ainsi tout net, s’énonçait en des termes très-approchants au sein même du journal. […] Changer les personnes sans les choses. » Ce que nous résumons en ces termes se lit avec très-peu d’adoucissement en dix ou vingt endroits du National : « Nous ne savons pas l’avenir, disait M. […] Le livre second tout entier est consacré au mécanisme nouveau de la réorganisation départementale, judiciaire, financière, « à cette œuvre de réorganisation, est-il dit, dont le jeune général faisait son occupation constante, dont il voulait faire sa gloire, et qui, même après ses prodigieuses victoires, est restée, en effet, sa gloire la plus solide. » Dans cet exposé multiple, l’historien a fait usage, comme on pense bien, de toutes les ressources lumineuses qu’on lui connaît, mais il les a poussées à leur dernier terme.

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