Il y eut dans Mirabeau bien des vices et des grossièretés qui tenaient au tempérament ; il y en eut qui tenaient aux circonstances et à la vie besogneuse qu’une nécessité incessante lui imposa. Il y eut en lui aussi une part de comédien et de personnage de théâtre qui tenait au talent même, et comme il en entre si aisément et à peu près inévitablement, on ose le dire, chez tous les hommes publics à qui il est donné de mener les autres hommes : mais le fond du cœur était chaud, le fond de la conviction était sincère, de même que plus tard nous verrons que le fond de ses vues politiques, en apparence si turbulentes et si orageuses, était tout à fait sensé. […] Avec du crédit, il n’a rien fait pour elle ; avec de l’ordre, il l’a ruinée, sans tenir ni son état ni son rang ; il s’est isolé au milieu des siens ; il a tapissé de remords les avenues de son tombeau, et creusé celui de son nom. » L’image est grande ; pour être complètement acceptée, elle aurait besoin d’être étalée du haut de la tribune, d’être appuyée et comme démontrée du geste. […] Sophie l’avait un jour comparé à Rousseau ; il la rappelle à l’ordre et au respect : « Tiens, Sophie, je te battrais si je pouvais, quand tu lâches la bride à ton fol enthousiasme au point de dire de si grosses bêtises.