Mais quelques mois après le retour d’Espagne, aux conférences qui se tinrent à La Fère entre le duc de Mayenne et le duc de Parme venant au secours de Rouen (janvier 1592), le président Jeannin, représentant M. de Mayenne, eut à traiter avec le président Richardot et don Diego d’Ibarra, qui représentaient le capitaine de Philippe II. […] Choisir Paris pour le lieu de la tenue des États était donc un coup de maître ; c’était choisir un milieu relativement modéré, empêcher l’assemblée de se trop émanciper si elle en avait envie, et si elle était tentée de faire une royauté irréconciliable et non nationale ; c’était empêcher une armée étrangère de s’emparer du lieu où les États siégeaient et de les tenir en sujétion ; c’était à la fois brider Paris, en y étant présent, et pouvoir aviser à tout. […] C’est de là que le président Jeannin faisait parvenir au duc de Mayenne, à Bruxelles, un dernier avis utile, qui était de se rendre au plus tôt en Bourgogne, « autrement qu’il était en danger d’y perdre tout ce qui tenait encore pour lui ». […] Sully lui attribue ainsi qu’à Villeroi une part directe dans le rétablissement des Jésuites en France (1604) ; il suppose que ces deux conseillers, Jeannin et Villeroi, malgré leur entière conversion monarchique, avaient encore dans l’esprit quelque reste du vieux levain, « quelque diminutif de semence espagnolique et ligueuse dans la fantaisie », et qu’ils étaient portés à favoriser ce qui tenait à leur ancien parti.