C’est beaucoup, dit-il, pour un cadet de Gascogne, si c’est peu pour un cardinal : Les premiers diacres de l’Église romaine n’en avaient pas tant, et je ne suis pas fâché d’être le plus pauvre des cardinaux français, parce que personne n’ignore qu’il n’a tenu qu’à moi d’être le plus riche. […] On assiste à mille suppositions indiscrètes et téméraires, à un flux et reflux de conjectures qui le plus souvent ne tiendront pas. […] On l’appelait le Roi de Rome, et il l’était, en effet, par sa magnificence et la considération dont il jouissait. » Le cardinal de Bernis parlait de lui-même avec moins d’emphase ; et quand il voulait excuser cette grandeur de représentation : « Je tiens, disait-il, l’auberge de France dans un carrefour de l’Europe. » — Il avait son palais du Corso, pour y tenir sa cour, et sa maison d’Albano pour la villégiature. […] [NdA] Un témoignage qu’il faut joindre à ceux du président Dupaty, de Mme de Genlis et de tous les voyageurs, au sujet de l’état que tenait à Rome le cardinal de Bernis, c’est le passage des Lettres écrites de Suisse, d’Italie, etc., en 1776, 1777 et 1778, et adressées à Mlle Phelipon par Roland, le futur ministre Girondin ; il est sous le charme comme tous les autres, et même il les surpasse encore par son expression presque enthousiaste ; il vient de parler des tables et des bonnes maisons de Rome, il ajoute : Mais il n’y a guère que la table du ministre de France qui donne l’idée des possibles. […] Le représentant d’une nation dès longtemps illustre parmi les nations, le ministre du fils aîné de la religion, du roi très-chrétien, a toujours tenu un rang distingué et prépondérant dans Rome.