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406. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

Qu’on se représente bien (pour s’en donner toute l’impression), et le cadre, et l’auditoire, et l’orateur : Ne vous semble-t-il pas, disaient après des années les témoins qui l’avaient entendu, ne vous semble-t-il pas le voir encore dans nos chaires avec cet air simple, ce maintien modeste, ces yeux humblement baissés, ce geste négligé, ce ton affectueux, cette contenance d’un homme pénétré, portant dans les esprits les plus brillantes lumières, et dans les cœurs les mouvements les plus tendres ? […] Si Bourdaloue était davantage le parfait sermonnaire selon le sévère Boileau, Massillon est bien l’orateur qui devait s’élever le lendemain de la création d’Esther et d’Athalie ; il a reçu à ses débuts comme le baptême de cette langue noble, tendre, majestueuse, abondante et adoucie. […] On a même noté chez Massillon quelques accents plus tendres et plus mélancoliques qu’on n’est accoutumé à en rencontrer dans le siècle de Louis XIV, et qui semblent un soupir confus annonçant les temps nouveaux ; dans le sermon Sur les afflictions, par exemple6.

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