Il y a quelques années que, passant à Dijon, je fis visite à l’un de ces hommes savants et modestes comme la province en renfermait beaucoup autrefois et comme il y en a quelques-uns encore : cet homme de mérite, qui s’était de tout temps occupé d’histoire, et qui avait publié lui-même des Annales estimées24, avait les in-folio de Mézeray ouverts sur sa table, et, me voyant y jeter les yeux, il me dit : « En province nous avons encore le temps de lire. […] En ce temps, monseigneur, qu’elle est comblée de tant de merveilles, de prospérités et de victoires, c’est un trop bel avantage d’être Français pour n’avoir pas du cœur et de l’ambition. […] Il en avait fait, dit-on, dès le temps même de Richelieu et contre ce ministre. […] Il l’offrit accommodée au goût et, pour ainsi dire, aux yeux du monde de son temps. […] Et puis l’obscurité est si grande dans la première et seconde race de nos rois, qu’on peut dire que ces temps-là sont comme les pays voisins du pôle, où il n’est jamais jour que par un petit crépuscule.