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1748. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

Quand d’autres font plus et se précipitent dans la question avec une ardeur digne d’un autre temps, je me range et laisse passer : évitons de heurter tout ce qui est culte. […] Le cœur bienfaisant des jeunes époux en est tout contristé jusqu’à rester quelque temps inconsolable. […] Marie-Antoinette y perdit plus que Marie Leckzinska assurément ; car, sans compter que les circonstances étaient plus avancées et les temps plus mûrs, elle était plus femme à profiter des avis, et elle avait plus en elle l’étoffe d’une reine active. […] Au fond, ce n’est point une méchante femme, c’est plutôt une bonne personne, et l’on m’a dit qu’elle fait beaucoup de bien à de pauvres gens. » Et trois ans après, lors du renvoi de Mme Du Barry, et quand Louis XVI, à son avènement, juge à propos de la faire renfermer quelque temps dans une abbaye pour la mettre hors d’état de commettre quelque indiscrétion, le même mot revient sous la plume de Marie-Antoinette, et avec la nuance précise : « Il paraît que si c’était une vilaine femme, ce n’était pas au fond une femme méchante. » Mais le plus beau mot de Marie-Antoinette au sujet de cette favorite, et qui ne se lit pas dans une lettre, est celui qui courut dans le temps même et qui se trouve partout cité. […] Un doute, un germe de méfiance, je l’avoue, se glissa dans mon esprit ; ce germe mit du temps à se développer, et il fallut que la discussion publique extérieure y aidât.

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