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1142. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVI. Des sophistes grecs ; du genre de leur éloquence et de leurs éloges ; panégyriques depuis Trajan jusqu’à Dioclétien. »

Placées dans les plus beaux temps à la porte de la servitude et sous la main des satrapes, à peine avaient-elles respiré l’air de la liberté. […] Le voisinage du despotisme, l’influence même du ciel, la multitude des sensations douces et calmes, plus de sensibilité pour les plaisirs, moins de disposition à l’exercice violent et actif de la pensée, et le désir d’un certain repos de l’âme, tout cela ensemble, dans des climats plus chauds, a dû nuire à l’éloquence ; aussi les orateurs d’Europe ont eu sur les orateurs de l’Asie les mêmes avantages que les guerriers du nord eurent de tout temps sur ceux du midi. […] De là sans doute les reproches qu’on a faits de tout temps à l’éloquence des sophistes, malgré les talents, les succès et la prodigieuse célébrité de quelques-uns d’entre eux. […] Aristide, orateur grec de la Mœsie, et qui vivait dans le même temps, composa un éloge d’Athènes, un de Rome et un panégyrique de Marc-Aurèle ; nous les avons encore. […] Il y a apparence que dans le même temps ce prince fut loué par un homme plus digne de lui ; c’était Cornélius Fronto, un des plus fameux orateurs qu’il y ait eu à Rome.

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