On n’a pas besoin de preuves et l’on brave la contradiction quand on affirme à priori : « On n’apprend pas à écrire ; le style est un don ; on a du talent ou on n’en a pas ; la vocation est tout, etc. » Au premier abord, rien n’est plus vrai. […] Certes, oui, en principe, il faut avoir le don, il faut avoir le talent, et ni le don ni le talent ne se créent. […] Cela signifie, en propres termes, qu’on trouve d’abord des images quand on a du talent ou du génie, ce qui est, je crois, faire la part assez belle à la spontanéité et à l’inspiration. « On les découvre, déclarons-nous ensuite, par inspiration ou à tête reposée », autrement dit par l’effort, la réflexion et le travail ajoutés au talent naturel. […] Ceci posé, mon livre s’adressant aux débutants et aux élèves, c’est-à-dire à ceux qui commencent à exercer leur faculté d’invention, j’ai prévenu, en effets ces apprentis écrivains « qu’il y avait des images qu’on peut découvrir plus facilement que d’autres, par l’application de l’esprit et l’effort du travail », à condition toujours d’avoir « du talent et des dispositions imaginatives ». […] J’ai voulu tout simplement aviver, développer le talent, et plus j’y songe, plus je trouve que le paradoxe et l’erreur sont du côté de mes adversaires.