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514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « II » pp. 21-38

Un avocat journaliste qui ne demandait avis à personne et qui jugeait d’après lui-même jusqu’à être souvent seul contre tous, Linguet, dont Voltaire a su apprécier les talents et la vigueur d’esprit, publia sur le grand écrivain, au lendemain de sa mort, un essai où il y a quelques réflexions très justes et fort bien rendues. […] Il n’y en a presque pas un chez qui le premier essor du talent n’ait été combattu comme un délire qu’il fallait réprimer, ou retardé, affaibli par la détresse, plus accablante encore que les contradictions… Il y a donc bien peu d’entre eux dont le public puisse se flatter de connaître les talents en entier. […] Je devinais dès lors le nombre prodigieux de choses pour lesquelles je n’avais aucun talent. […] Comptez toujours sur l’estime, sur l’amitié d’un vieux philosophe qui a la manie, à la vérité, de se croire un très bon cultivateur, mais qui n’a pas celle de croire qu’on ait tous les talents. » Quand Voltaire a raison, il n’y a que lui pour avoir la raison si facile et si légère. […] Vous l’appelez Zoïle : il l’est de tous les talents et de toutes les vertus.

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