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1354. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Une des plus brillantes situations du théâtre grec, est celle d’Oreste couché dans son lit, accablé par la fièvre, assoupi à la suite d’une attaque d’épilepsie, tandis que sa sœur Électre ordonne au chœur qui survient de marcher légèrement sur la pointe du pied, de peur d’éveiller le malade : qu’on essaie d’offrir ce tableau sur notre scène, on verra si le convulsionnaire Oreste ne se réveillera pas en sursaut au bruit des sifflets. […] Voltaire n’a pas eu le goût assez fin ou le génie assez vigoureux pour écarter du tableau de ce Tartuffe conquérant tous les traits qui pouvaient l’avilir ; il a rapetissé ce grand scélérat ; il l’a rendu plus dégoûtant, plus odieux que terrible. […] Il y a peu de romans excellons ; les meilleurs sont ceux qui sont le moins romanesques ; le principal mérite de Don Quichotte est d’être la satire des romans de son siècle ; Gil Blas est un agréable tableau de la vie humaine ; Tom Jones réunit la vivacité de l’intrigue à la vérité des caractères ; c’est le seul héros de roman qui soit tout à la fois honnête, amoureux et infidèle. […] Après avoir mis sur la scène un père immolant ses fils à sa propre ambition décorée du nom de liberté, il lui restait à nous offrir, pour notre instruction et pour nos plaisirs, le tableau d’un fils qui, sous ce spécieux prétexte, égorge son père. […] Au lieu de ce tableau, on nous présente un père dégradé de ses droits, fort embarrassé de sa fille, qu’il fait passer pour sa nièce ; l’ami du père et l’amant de la prétendue nièce, qui semblent tous comploter à part un mariage clandestin, et conspirer contre madame Argant et son fils le marquis.

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