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793. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

Et dites-moi, je vous prie, quel est l’homme supérieur qui se résignerait aujourd’hui à rentrer dans ce huis-clos étouffant de la décentralisation, et qui s’habituerait à cette pensée : « Tout ce que j’ai dans la tête, toutes ces idées que je sens vivre, marcher, s’agiter dans mon cerveau, je vais les produire au dehors, les formuler dans une magnifique expression, pour qu’elles meurent entre Angoulême et Barbezieux ?  […] On prend des renseignements sur l’aspect et la couleur du mouchoir où le grand homme enferme, la nuit, sa tête dantesque ; on apprend qu’il nourrit un goût dépravé pour les escargots cuits sur le gril ; — l’habitude malpropre qu’il a contractée de combattre ses irritations de nez avec du suif de chandelle n’est plus un mystère ; on sait que le pingre a refusé hier un manchon aux sollicitations de sa femme… On le guette, on le suit, on le traque — on le connaît de sa salle à manger à son alcôve. […] Eût-elle été réalisable, cette magnifique révolution romantique de 1828, sans la vie jour à jour, sans la communion incessante et fortifiante des grands esprits qui la conçurent, l’élaborèrent, et enfin la firent éclater sur la tête des Geoffroy et des Auger stupéfaits et impuissants ?

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