Si sur ce point nous nous trompons souvent, si nous sommes souvent obligés de constater un étrange écart entre l’homme tel que nous l’avions supposé et celui qu’un hasard de la vie nous laisse voir, ne nous hâtons pas de dire que le poète ne ressemble pas à son œuvre ; songeons plutôt que, dans l’opération de notre imagination émue par l’œuvre, intervient un grave élément de déformation : notre propre personnalité. […] Peut-être peut-on supposer un peu plus longue l’opération de mémoire essentielle à la parfaite compréhension de l’œuvre pour un esprit toujours gouverné par la pensée générale et curieux aussi des lignes arabesques dont elle s’agrémente ou à dessein se travestit. […] Mais supposons qu’une telle opinion soit erronée, acceptons cette distinction des époques de grandeur et des époques de décadence de l’art. — Eh bien, nous dit-on, elle n’est donc pas immuable, la notion d’art et de beauté, puisqu’elle subit cette variation de progrès et de regrès. […] * * * Le jour désirable est encore lointain, et du moins pour l’atteindre, que de progrès il faut supposer accomplis !