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864. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Philarète Chasles » pp. 111-136

Mais ses principes d’esthétique et de morale, ces principes qui ne font qu’un, et sans lesquels la Critique n’est plus que l’empirisme d’une personnalité plus ou moins supérieure, ne sont pas beaucoup plus distincts que ceux de Sainte-Beuve, et je doute qu’on en pût faire sortir un seul, appuyé et déterminé, de l’universalité de ses Œuvres complètes, où le talent le plus sincère et le plus animé n’est pas capable de combler cette lacune terrible dans les œuvres d’un critique : — le manque de principes et d’autorité. […] Moins impétueux et moins facile dans le travail, Sainte-Beuve, ce lécheur qui quelquefois se débarbouillait en se léchant, et que ses secrétaires — les sages-femmes de sa pensée — accouchaient d’enfants malingres à mettre dans des bocaux d’esprit-de-vin, n’avait pas la fécondité spontanée, le jaillissement, l’improvisation bien portante et robuste de Chasles, qui lui était très nettement supérieur, hormis en un seul point : il n’avait pas fait et il n’aurait pas fait Joseph Delorme.

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