Sa Henriade, bien que dénuée de sentimental enthousiasme, n’en est pas moins restée supérieure à l’emphatique Messiade. […] Douterait-on que, si la moindre correction y eût été nécessaire, son art n’eût trouvé autant de ressources qu’il en a prodiguées au sujet des amours d’Armide, mieux incorporés à sa fable que les amours de Didon au fait de l’Énéide, et supérieurs à ceux d’Alcine, desquels ils semblent imités ? […] Sans doute il avait le droit d’avertir que son sujet était nouveau, mais non d’avancer qu’il était supérieur à tous ceux qu’avaient consacrés les muses grecques et latines. […] La muse à laquelle Homère commande est reconnue pour une divinité, et son génie qui la maîtrise n’a plus besoin de l’implorer à son aide ; mais l’âme à qui s’adresse Klopstock, n’est que figurément personnalisée ; il faut qu’un être supérieur seconde l’essor de sa pensée en son sujet religieux. […] Mais par quel étonnant privilège un poète, sorti du premier berceau des muses, a-t-il constamment gardé son rang supérieur à celui des autres poètes qui le suivirent ?