/ 3167
1545. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Les sujets, les pensées, les tours, les mots, tout était contrôlé d’après cette règle, éprouvé à ce sens commun par lequel les hommes, si différents d’humeur et d’esprit, se ressemblent et se mettent d’accord. […] Ils s’engagent à examiner leurs propres ouvrages, le sujet, la manière de le traiter, les arguments, le style, le nombre et chaque mot en particulier. […] Au contraire, a-t-il à louer, l’altération est calculée de telle sorte qu’il ne passe pas pour flatteur, et que l’auteur loué se reconnaisse derrière un voile qui sert « à soulager sa modestie. » Du reste, il n’affectait point la louange de certaines personnes, si le sujet ne les avait présentées62. […] Ils partageaient leur temps entre la pratique des devoirs religieux, le soin de l’enseignement, quelques travaux manuels, à l’exemple des anciens solitaires, et des écrits sur des sujets de morale ou de piété. […] Nous lisons les ouvrages avec une disposition d’esprit particulière, et le mérite de l’auteur est de se rencontrer si bien avec cette disposition que, pour parler comme Nicole, « il ne manque jamais de nous proposer sur chaque sujet les parties dont nous pouvons être touchés72. » Notre disposition en ouvrant un livre de pensées détachées, c’est une certaine curiosité qui, n’ayant aucun objet distinct, n’est contentée que par la rareté et la diversité de ceux qu’on lui offre.

/ 3167