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664. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Dauban est bonne dans son ensemble et doit être suivie dans la généralité de l’usage, à la condition toutefois qu’on y mettra un correctif : c’est que lorsqu’on est appelé à publier les écrits inédits d’un auteur mort d’hier, les considérations les plus respectables peuvent déterminer celui qui en est l’éditeur non pas à altérer (il ne le faut jamais), mais à affaiblir ou mieux à ajourner en quelque point l’expression entière des pensées ou des jugements. […] Champagneux, le beau-père de cette même Eudora qui avait épousé l’un de ses fils, était-ce plus tard à Mme Champagneux elle-même, cette fille pieuse, d’introduire et de laisser rétablir de tels passages dans les éditions qui ont suivi ? […] C’est le cynisme du philosophe que la femme pure s’est crue obligée de suivre à la trace, même quand elle le faisait avec dégoût. […] Si j’étais libre, je suivrais partout ses pas pour adoucir ses chagrins et consoler sa vieillesse ; une âme comme la mienne ne laisse jamais les sacrifices imparfaits ; mais Roland s’aigrit à l’idée d’un sacrifice, et la connaissance une fois acquise que j’en fais un pour lui renverse sa félicité ; il souffre de le recevoir, et ne peut s’en passer. » Roland avait raison, et tous les hommes à sa place auraient souffert comme lui.

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