/ 2928
1380. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

À gauche du chemin creux que nous suivions sous les chênes, un long mur blanc, percé d’une petite porte close, enserrait une étroite gorge en pente, encaissée entre des collines boisées. […] Enfin, au soleil couchant, la porte de la maisonnette tourna lentement et sans bruit sur ses gonds, un petit homme en habit noir, à fortes épaules, à jambes grêles, à noble tête, sortit suivi d’un chat auquel il jetait des pelotes de pain pour le faire gambader sur l’herbe ; l’homme et le chat s’enfoncèrent bientôt dans l’ombre d’une allée. […] Je suivais toutes les sinuosités des anses, je doublais tous les caps, je marquais du creux de mes pas le sable fin et allongé de tous les promontoires. […] C’était Victor Hugo et Charles Nodier, suivis de leurs charmantes jeunes femmes et de beaux enfants. […] J’avais prié Lachaud, qui était du quartier et qui me suivait à distance, de noter dans sa mémoire et ensuite sur le papier, les cris, les murmures, les vociférations qu’il entendrait, afin de bien connaître, par ce rapport, les griefs, les vœux, les reproches du peuple, et de mesurer les forces à la nature du danger.

/ 2928