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209. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

) J’observerai seulement que cette espèce de chiffre ne devait pas être fort difficile à deviner ; car, 1°. il était aisé de voir, en tâtonnant un peu, quelle était la ligne qui devait se joindre par le sens à la ligne d’en bas du papier ; 2°. cette seconde ligne connue, tout le reste était aisé à trouver ; car supposons que cette seconde ligne, suite immédiate de la première dans le sens, fût, par exemple, la cinquième, il n’y avait qu’à aller de là à la neuvième, à la treizième, dix-septième, etc., et ainsi de suite jusqu’au haut du papier, et on trouvait toute la première ligne du rouleau ; 3°. ensuite on n’avait qu’à reprendre la seconde ligne d’en bas, puis la sixième, la dixième, la quatorzième, etc., ainsi de suite. […] Ce que nous venons de dire du sens précis, par rapport au sens vague, nous le dirons du sens propre par rapport au sens métaphorique ; la définition ne doit jamais tomber que sur le sens propre, et le sens métaphorique ne doit y être ajouté que comme une suite et une dépendance du premier. […] Un lecteur, doué d’une mémoire heureuse, pourrait apprendre de suite ces racines, et par ce moyen avancerait beaucoup, et en peu de temps, dans la connaissance de la langue ; car, avec un peu d’usage et de syntaxe, il reconnaîtrait bientôt aisément les dérivés. […] Premièrement, on ne peut réellement convaincre sans être convaincu soi-même : car la conviction réelle est la suite de l’évidence ; on ne peut donner l’évidence aux autres quand on ne l’a pas. […] Ne serait-ce point pour cette raison qu’il est rare de lire, sans être fatigué, bien des vers de suite, et que le plaisir causé par cette lecture diminue à mesure qu’on avarice en âge.

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