Croyez-vous que ce qui vous émeut le laisse froid, que ce qui vous agite se brise contre son cilice, qu’il suffise d’aller à la messe pour se fermer à tout enthousiasme, à toute tendresse, à tout rayon, à toute beauté ? […] Bien que nos nouveaux républicains ne fussent pas encore des Danton et des Robespierre, il suffisait qu’on leur supposât l’envie de le devenir, il suffisait d’une ombre, d’une image, d’un fantôme de ce passé, pour qu’à l’instant les graves pensées rentrassent dans les âmes, et pour que la société prît très au sérieux, presqu’au tragique, ce qui lui semblait la veille crainte absurde, scrupule excessif ou rigorisme ridicule. […] On peut dire sans exagération mythologique que M. de Balzac a été, sa vie durant, le Tantale du succès de théâtre ; et ce trait suffirait, au besoin, pour fixer le niveau intellectuel et moral que suppose cette préoccupation constante de la question d’argent. […] Ce trait seul suffirait pour nous indiquer ce qu’il faut penser de la fécondité, de la vérité et de la variété de M. de Balzac. […] On est soi, et, comme on est fort, on se suffit ; et, comme on a du génie, on ne croit plus qu’à soi-même.