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631. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Première Partie. Des Langues Françoise et Latine. — Les traductions. » pp. 125-144

Mais, à tous ces exemples frappans, les partisans des traductions en prose opposoient le mauvais succès de nos traductions en vers ; comme de celles de Virgile par Ségrais ; des Odes d’Horace par l’abbé Pellegrin* ; des Héroides & des Élégies amoureuses d’Ovide par Thomas Corneille, par l’abbé Barrin, & par Richer qui a mieux réussi dans ses Fables ; des Métamorphoses par Bensérade ; de la Pharsale par Brebœuf. […] Ce qui fait, dit-il, que les grands poëtes de l’antiquité ont été traduits en vers avec beaucoup de succès chez nos voisins, & ridiculement chez les François, c’est la différence du génie des langues, La nôtre ne sçauroit se plier à rendre les petites choses ; à nommer, sans causer du dégoût (tant nous sommes des Sybarites dédaigneux & difficiles) les instrumens des travaux champêtres & des arts méchaniques.

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