Il excellait à ces malices, qui ajoutent au piquant et qui fouettent le succès. […] Je vais en venir au Mariage de Figaro ; mais disons-le tout d’abord, il ne faut point tant de raisonnement pour expliquer la vogue et le succès de Beaumarchais. […] En matière de publicité et de théâtre, il est maître passé, il a perfectionné l’art de l’affiche, de la réclame, de la préface, l’art des lectures de société qui forcent la main au pouvoir et l’obligent d’accorder tôt ou tard la représentation publique ; l’art de préparer ces représentations par des répétitions déjà publiques à demi et où déjà la claque est permise ; l’art de soutenir et de stimuler l’attention, même au milieu d’un succès immense, moyennant de petits obstacles imprévus ou par des actes de bruyante bienfaisance qui rompent à temps la monotonie et font accident. Mais n’anticipons point sur les ressorts et ficelles de Figaro, remarquons seulement que le succès du Barbier de Séville fut l’origine d’une grande réforme dans les rapports des auteurs dramatiques et des comédiens. […] Ce qui caractérise bien l’époque, ce sont ces espèces de chapitres de Sterne, ces actes de bienfaisance sentimentale à la Geoffrin, qui servaient comme d’intermède au Mariage de Figaro, et qui en accompagnaient le succès.