Maintenant nous pouvons répondre à la question posée au commencement de cette étude : d’où le succès permanent de ce livre dans une époque que Bossuet même, ce demi-dieu de la langue française, laisse indifférente ? […] Cela seul excuse, ou, à tout le moins, explique l’importance que les succès de salon tinrent dans cette âme qui dépensa le meilleur d’elle à ces batailles frivoles. […] Il ne faut pas chercher ailleurs la cause du succès de Hugo parmi les foules. […] C’est un Idéal tout intellectuel qu’il s’est proposé de réaliser, avec le plus complet dédain de la réussite extérieure : « Je vise à mieux qu’au succès », déclarait-il à un ami, « je vise à me plaire. […] Il semble même que ce détachement soit la condition du talent et qu’une page de prose ou de vers ait d’autant plus de chances d’être belle que l’auteur ressent à l’écrire un plaisir plus désintéressé et ne pense pas au succès.