Ce qui me paraît se dégager de l’étude attentive des faits, c’est que les lésions cérébrales caractéristiques des diverses aphasies n’atteignent pas les souvenirs eux-mêmes, et que par conséquent il n’y a pas, emmagasinés en tels ou tels points de l’écorce cérébrale, des souvenirs que la maladie détruirait. Ces lésions rendent, en réalité, impossible ou difficile l’évocation des souvenirs ; elles portent sur le mécanisme du rappel, et sur ce mécanisme seulement. Plus précisément, le rôle du cerveau est de faire que l’esprit, quand il a besoin d’un souvenir, puisse obtenir du corps l’attitude ou le mouvement naissant qui présente au souvenir cherché un cadre approprié. Si le cadre est là, le souvenir viendra, de lui-même, s’y insérer. L’organe cérébral prépare le cadre, il ne fournit pas le souvenir.