/ 2496
1433. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Des sympathies désirables leur feront défaut, celles des âmes impressionnables qui ne demandent à l’art que le souvenir ou le pressentiment des émotions regrettées ou rêvées. […] S’il arrive donc que nous ne devions plus rien produire qui soit dû à nos propres efforts, sachons garder le souvenir des œuvres vénérables qui nous ont initiés à la poésie, et puisons dans la certitude même de leur inaccessible beauté la consolation de les comprendre et de les admirer. […] Rien ne revit dans ces maigres pamphlets à refrains, pauvrement conçus, pauvrement écrits, si ce n’est l’inutile souvenir de vieilles et puériles polémiques étrangères à la poésie. […] Le Poète, de qui l’âme contenait virtuellement tant de symphonies multiples et toujours superbes, grandit au bruit retentissant des batailles épiques et des victoires dont le souvenir l’a hanté toute sa vie, en lui inspirant d’admirables vers ; tandis que le réveil des idées religieuses, sous la forme d’une résurrection pittoresque du catholicisme, d’une part, et, d’autre part, d’une poésie plutôt sentimentale que dogmatique, suscitait en lui l’admiration des merveilles architecturales du moyen âge et le goût inconscient de la Monarchie restaurée. […] Qui ne se souvient de la caverne sous-marine où Gilliatt rencontre la pieuvre, de cette merveilleuse vision du grand Poète ?

/ 2496